Je me baladais sur l'avenue, le coeur ouvert à l'inconnu... Et d'un seul coup, mon âme de rebelle a pris le dessus...
Je vais prendre un café dans ce salon de thé... (Mais quel rebelle !!! Du café dans un salon de thé!!!)... Oui, je sais, c'est un peu soft comme boisson mais comme il y avait une séance de cinéma ensuite je ne tenais pas à prendre une boisson forte, m'endormir dans la salle (trop confortables ces fauteuils!!!) et couvrir la bande son de mes feulements de fauve endormi (qui a dit ronflements ?)...
Donc voilà... J'ouvre la porte de ce salon de thé qui est en fait une boulangerie, pâtisserie, épicerie, mercerie, salle de bal, de fest noz et deis... Et là, merveille des merveilles, je me trouve transporter 40 ans en arrière...
Une tapisserie à iech, un plafond décoré avec du papier d'alu semblant venir des emballages des tablettes de chocolat, des fleurs en plastique, du mobilier en formica... Tout ce qui me ramène dans des temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître... Ni les moins de 30 ans non plus d'ailleurs...
Je m'installe près de la porte du fond... En espérant qu'elle va être ouverte pour que je puisse jeter un coup d'oeil sur le "labo" (et oui, c'est aussi une boulangerie)... Un regard autout de moi sur les habitués... Une vieille, capucine sur la tête, en train de manger un éclair en buvant son café... Elle se plaint de ses douleurs... Elle est très vieille... On dirait Carmen Crue... Elle mange dans son coin, engoncée dans son manteau en ayant rapproché son caddie à roulettes craintivement quand je suis entré... La patronne n'a pas d'âge... Enfin si, mais on ne peut pas lui en donner ou même lui en prêter un... Mais elle a encore son charme et tortille son jean moulant pour fidéliser ce nouveau client...
Un café ? Un grand ou un petit ? A moitié endormi, sachant ce que c'est qu'un petit café et voyant le temps qu'il me reste avant la prochaine séance, je dis : un grand... Et hop, je me retrouve avec un bol de café, avec presque un litre dedans... Il va falloir faire des pauses toilettes pensais-je in-petto (ce qui est indiqué quand on évoque les toilettes)...
Bon je m'attèle à la tâche et hue cocotte... En avant pour le café.. Tiens, je croyais qu'on ne faisait plus de café avec le rutabaga... L'info n'a pas dû arriver ici...
Driiinngg... La musique sublime de l'alarme de porte qui s'ouvre résonne... Un habitué, que l'on pourrait croire venu des champs, entre... Il est surpris et décontenancé de voir un nouveau dans ce lieu d'un autre temps... Au point quil confonde la porte du labo avec celle des toilettes... Quoique je me demande encore s'il a vraiment confondu... Le bref moment où le porte s'est entrebaillée, j'ai pu avoir un aperçu sur le labo qui doit être le prototype du cauchemar que tous les vétérinaires fraîchement émoulus et imbus de leurs sciences en matière sanitaire croyaient impossible...
Et bien si... Il y a juste les théories de cafards que je n'ai pas vues mais il est encore tôt... Ce n'est pas le printemps...
Il commande un café, un petit (il sait lui. D'ailleurs je me demande si ce n'est pas comme ça que l'on reconnait les nouveaux ici)...
Il boit vite son café et part rapidement... La vieille prend la parole et dit : ca l'intimide toujours quand il y a plein de monde... Je rejette un coup d'oeil alentour : à part la vieille, la patronne et moi, il n'y a personne d'autre... La foule en effet...
Je paye... J'abrège ce bref retour dans le passé...
Mais comme Mac Arthur, je reviendrai... C'est trop bon de trouver l'ambiance d'antan...
Ca change des esprits tordus de notre époque...